9/17/2017

Ne pas baisser les bras


Mon Loulou vient de passer sa ceinture jaune-orange au karaté.
Oui, mon p'tit loup qui ne parlait pas à trois ans, qui portait encore des couches à cinq ans.
Mon petit homme qui piquait des crises pas possibles en maternelle, en première et en deuxième année.

Oui, c'est le même petit.  Aujourd'hui, c'est une petite machine à paroles, une petite bombe de sociabilité, un petit bonhomme qui s'imagine déjà devenir un scientifique, qui parle l'anglais aussi bien que le français, qui pose des questions en rafales car il est curieux comme pas deux.
Mon petit Loulou a maintenant huit ans, la moitié de ses dents, et il fonce droit devant, avec confiance.

Mon petit a pourtant été diagnostiqué TSA et TDAH il y a cinq ans.  Et non, il n'était pas « juste un peu autiste » ou « autiste léger ».  Il était sur le spectre, big time, avec de gros retards de développement, des difficultés importantes dans ses interactions sociales, des troubles de comportements nuisibles à son adaptation à l'école.

Non, il n'est pas guéri.  Il ne le sera jamais, mais sa condition s'est grandement améliorée si bien que nous croyons qu'un jour, son diagnostic sera probablement imperceptible.

Qu'est-ce qui a fait une différence dans sa vie?

Le diagnostic précoce
D'abord, le diagnostic à trois ans est probablement ce qui l'a le plus aidé.  Quand une éducatrice de garderie émet une hypothèse sur l'état de son enfant, il est facile de se replier dans le déni, mais j'insiste, il faut vérifier, apprendre à reconnaître les premiers signes.  Lorsqu'on a des assurances, il vaut la peine de se tourner vers des centres privés comme le CÉNAA afin qu'une équipe multidisciplinaire évalue notre enfant.  Si on doit aller dans le secteur public, il faut se battre encore, mais le temps d'attente a diminué dans certaines régions, notamment en Montérégie.    Le diagnostic est le facteur-clé qui permettra à votre enfant d'obtenir des services et vous, du soutien.

L'implication de sa communauté 
Le jour du diagnostic, la directrice et l'éducatrice du CPE qu'il fréquentait nous ont accompagné. Elles se sont documentées, la directrice a demandé des subventions afin d'adapter son milieu, la travailleuse sociale du CLSC a fait le pont avec le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI), qui nous a ensuite soutenus à domicile et au CPE.

Lorsqu'il a fait ses débuts à l'école, il a eu droit à une insertion progressive.  Pendant un an, il a fréquenté une classe de maternelle spécialisée le matin et le CPE l'après-midi et il bénéficiait du transport en berline à l'heure du midi.

Nous l'avons accompagné avec l'ergothérapie, des ateliers d'éveil musical (il n'y en avait pas alors j'avais démarré un projet-pilote) et depuis un an, avec le karaté.  Nous avons appliqué les enseignements du CRDI à domicile, nous avons embauché une jeune enseignante pour l'aider avec ses devoirs l'an dernier.  Il ne pourra pas commencer son programme de troisième année encore, mais il a fait de nombreux progrès et je crois aujourd'hui qu'il finira par rejoindre le programme régulier au secondaire.

Quand il a commencé sa première année, il a changé d'école.   La nouvelle équipe-école a fait toute la différence. Il bénéficie d'un soutien incomparable. Ça, et l'aide du CRDI encore une fois.  Et puis l'assistance de notre merveilleuse travailleuse sociale qui m'a appuyée dans mes démarches et moralement aussi.   D'ici les prochaines semaines, il commencera les ateliers de gestion des émotions offert par le CRDI.  La cerise sur le sundae!  

Tous les intervenants se sont coordonnés pour aider mon fils. Aider, c'est le mot-clé, le mot qui change tout dans la vie d'un parent et celle d'un enfant.

Tout ça, car mon fils a eu un diagnostic très tôt.  Tout ça, parce que nous habitons en Montérégie où il y a un nombre plus élevés de cas qu'ailleurs au Québec et donc, davantage de services.  Tout ça parce que j'ai tenu mon bout, son papa aussi.  Nous n'avons pas baissé les bras, même quand c'était très décourageant.

Si j'ai eu envie d'écrire ce billet aujourd'hui - après des mois et des mois d'absence  (et j'imagine que vous comprenez pourquoi en me lisant, ma priorité était de soutenir mon fils) - mon petit coeur de mère recommence à battre.  Voilà cinq ans que je vis en me demandant si mon fils sera capable de cheminer adéquatement, que je retiens mon souffle à chaque tournant.

En tant que parent, chaque effort vaut la peine, ne serait-ce que pour améliorer un pour cent de la vie de notre enfant.  Chaque effort qui provient de son milieu de vie a aussi tellement d'importance.   Oui, il faut insister, demander l'aide nécessaire, dépenser des dollars qu'on aimerait mieux dépenser ailleurs, mais à la fin, lorsqu'on voit son petit qui profite de sa vie, qui aime sa vie, c'est la plus grande récompense.  Parfois on pleure, parfois on a envie de se rouler en petite boule dans le creux du divan, mais il ne faut pas lâcher.  Passez-le ce mot d'encouragement à d'autres parents.


5 commentaires :

  1. Que dire de plus! C'est magnifique et plein d'espoir pour plein d'autres parents. J'espère que tu ne rangera plus ta plume au m'a manqué.

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    1. Merci Karine! Je pense que je suis sur une lancée!!! :-) Je réalise que partager ses expériences fait aussi partie du processus pour trouver l'équilibre dans tout ça.

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  2. Quel beau témoignage ! Je lui souhaite de continuer à croquer la vie à pleine dents ! Les enfants sont merveilleux et montrent leurs ressources quand ils sont bien entourés.

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    1. Merci beaucoup pour votre commentaire! Oui, les enfants sont souvent bien plus résiliants que nous, les adultes!

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  3. Merci pour ce texte, ça donne l'espoir qu'on est sur la bonne voie et que les choses vont bien aller avec beaucoup d'efforts...

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