En début d'année scolaire, j'ai été convoquée comme à l'habitude, au plan d'intervention pour mon fils aîné. Il amorçait alors sa troisième année. Nous étions en novembre ou décembre, je ne me souviens plus. Le ton était un peu alarmiste, de l'enseignante, surtout. Mon fils n'arrivait pas à se concentrer adéquatement, à suivre le groupe. Il avait de super notes en anglais et en arts plastiques, mais il n'arrivait pas à aligner ses idées lors des compositions écrites en français et il n'arrivait pas à résoudre les problèmes mathématiques.
Les mois ont passé. Deuxième et dernier plan d'intervention. Il s'est amélioré dans toutes ses matières, mais la résolution de problèmes mathématiques demeure...un problème! Il n'y arrive pas. Par contre, me dit l'orthopédagogue, il excelle aux échecs, une de ses activités préférées. Il a neuf ans et il est bon aux échecs. Hummm...
J'ai toujours été un échec sur deux pattes dans la résolution de problèmes mathématiques. En fait, tout ce qui touchait au domaine des mathématiques était obscur pour moi. Du primaire au secondaire, j'ai détesté les mathématiques et tout ce qui y ressemblait. C'est d'ailleurs un running gag dans la famille. J'étais l'artiste, la fille lettrée, la fille créative et passionnée. Et pourtant.
Aujourd'hui, je passe mon temps à régler des problèmes. C'est l'histoire de ma vie. Je règle des problèmes qui sont surtout humains, mais parfois, une logique mathématique pourrait s'y appliquer. Et parce que j'ai compris un jour l'utilité des chiffres et de la logique, j'en suis même aujourd'hui à faire des prévisions de revenus basés sur une logique d'affaires que je suis capable de comprendre et même d'inventer. Et sans vouloir me vanter, je suis assez précise. J'ai même souvent raison. Or ma force, dans la résolution de problème, c'est souvent de ne pas être logique. Je ne suis pas toujours logique, mais accommodante et réaliste, à la recherche du compromis gagnant. Je suis axée sur l'humain. Je suis gestionnaire.
That's my point. J'étais super poche en mathématiques, mais très bonnes dans les relations humaines et la recherche de solution. Est-ce que mon bulletin horrible de secondaire 4 en mathématiques m'a empêché de me tailler un avenir intéressant? Non. J'avais d'autres forces. Des forces moins reconnues dans le système d'éducation formel et qui pourtant me servent encore tous les jours. Quand l'enseignante est alarmée par le fait que mon fils n'arrive pas à résoudre des problèmes mathématiques, je ne suis pas au même diapason qu'elle. En fait, ce qui m'énerve, c'est que dans l'évaluation globale de l'élève, on ne tienne pas compte de ses autres forces. C'est un enfant sociable, qui sait communiquer, qui a plein d'amis, qui s'intéresse aux projets de recherche, est curieux, qui adore raconter des histoires. Il est même bon aux échecs. Il a en fait toutes les qualités d'un futur leader.
Je ne veux pas sous-estimer l'importance de la réussite académique, mais je pense que cette réussite est mal cadrée. Un enfant poche en maths n'est pas condamné à un avenir poche. Qu'on souhaite l'aider là où il est moins doué est très important, mais à mon sens, on a pas besoin d'être alarmiste.
En fait la question demeure. Sommes-nous si accrochés à la « performance à tout prix », qu'on oublie de voir au-delà des chiffres? Un enfant moyen à l'école est-il condamné à un avenir médiocre? Et à l'inverse, un enfant doué à l'école est-il forcément promis à un avenir prometteur? J'en doute.
La « performance à tout prix » est en fait un moyen de développer des êtres humains dans un moule conçu pour faire fitter des êtres humains dans un modèle déterminé par une armée de fonctionnaires. Mais qu'arrive-t-il quand l'être humain ne correspond pas à ce modèle, mais à un autre? Qu'arrive-t-il quand notre logique est plus créative que celle des autres? Le système en tient-il compte? Le système scolaire est-il capable de soutenir les enfants dont les forces ne correspondent pas à un modèle unidimensionnel?
6/07/2013
Il y a toujours de l'espoir (et puis tant pis pour la performance à tout prix et les maths!)
Publié par :
Christine Simard
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J'adore votre billet!
RépondreEffacerEnfant, j'ai failli redoublé une année à cause de mes mathématiques (bon ça fait longtemps, maintenant les enfants ne redoublent plus il paraît). J'ai eu des cours privé au primaire, j'ai manqué de l'art plastique en secondaire 1 pour avoir une période supplémentaire en mathématiques (au collège privé) et aujourd'hui à 32 ans, je suis toujours poche en maths et je déteste ça!!! J'ai compris un moment donnée qu'on ne peut pas être parfait dans tout.
Ma fille s'en va en première année l'an prochain. Et bien j'ai décidé qu'on va miser sur ses forces, et sans abandonner les faiblesses, tout comme vous, je ne ferai pas un drame si elle ne réussit pas aussi bien dans une autre matière. Si elle devient une adulte épanouie, autonome, qui se respecte et respecte les autres, j'aurai réussi...Elle n'est pas obligée de devenir une Einstein!
Le plus drôle, chère soeur, c'est que j'avais supposément la bosse des maths. J'ai réussi à faire mes maths 434 et 534, puis les maths tradionnelles du CEGEP, 101, 103 et 105 (j'étais très poche dans les vectoriels par contre).
RépondreEffacerAu final, on fait un travail qui se ressemble beaucoup et qui fait appel à des compétences similaires. Tu raison, la résolution de problème, le facteur humain, le gros bon sens, la conciliation, etc.
Il n'y a pas qu'un chemin qui mène au succès. Plusieurs personnes qui étaient des "bolles" au Sec ont des emplois similaires aux nôtres aussi. Bref le succès dans la vie n'égale pas toujours le succès dans les études. Même que les difficultés auxquelles Raph, Frédou, toi ou moi avons fait face permettre de développer d'autres compétences comme la résilience, le sens de la persévérance, la capacité de se relever, etc.
D'autre côté, peut-être que va avoir un déclic avec un autre prof. Les maths étaient la pire matière de Frédou en 3e. C'est maintenant sa plus forte avec les Sciences. Le développement des individus ne suit pas un courbe linéaire mais une succession de hauts et de bas.
J'ai bien aimé la façon dont les profs de Sec 1 à Frédou ont récompensé les efforts des élèves du PEI à la fin de l'année. Ils ont attribué des certificats de mérite basés sur les résultats académiques, mais aussi sur le développement des grandes qualités que le programme vise à développer chez les étudiants (le sens de la communauté, l'ingéniosité, la capacité de recherche et d'analyse, etc.). Frédou a reçu un certificat pour son esprit altruiste.
En secondaire IV, alors que j'échouais mes maths 436, mon enseignant m'avait dit que je ne ferais rien de bon dans la vie sans maths. J'ai passé mes 436 et échoué 536. Oups!
RépondreEffacerMais quelle n'a pas été ma satisfaction lorsque je suis allée le voir à ma première journée de suppléance dans son école. Je lui ai dit: ''Eh bien! Je ne sais pas si j'ai choisi la bonne voie... Toujours est-il que même sans vos fameuses maths, nous avons aujourd'hui la même profession.''
J'ai toujours profondément détesté les maths...
@Rachelle : et je remarque que le français était probablement l'une de vos forces ;-)
RépondreEffacer@Maman au carré : comme quoi, il y a des profs qui disent des énormités - à toutes les époques. Bravo!
@François : Raph a aussi reçu ce genre de Méritas pour sa "grande lucidité"....j'étais bien contente pour lui. Une chance qu'on prend quand même le temps de souligner leurs autres belles qualités, mais il reste que j'ai souvent l'impression qu'on accorde encore beaucoup trop d'importance aux maths quand dans les faits - au quotidien - la maîtrise du français est beaucoup plus importante. Enfin, on oublie souvent que l'école est un passage et que l'être humain a plein d'autres occasions de se parfaire, de découvrir, d'apprendre. Notre parcours n'est pas linéaire. Et on mettrait moins de pression inutile sur les enfants si on le voyait comme ça.