9/30/2012

Faisons-nous subir trop de pression à nos enfants?

Mon amie Chantal a attiré mon attention sur ce superbe billet paru dans le magazine Châtelaine. En faisons-nous trop pour nos enfants?, s'interroge Johanne Lauzon, la rédactrice en chef de la rubrique Société en réponse à l'ouvrage de Carl Honoré, l'auteur de Laissez les enfants tranquilles! (voir aussi Manifeste pour une enfance heureuse)

Celui qui a aussi écrit Éloge de la lenteur, remet en question notre obsession pour la réussite de nos enfants. « Le constat que dresse Carl Honoré effraie, rapporte Johanne Lauzon,  : un jeune sur cinq souffre de troubles psychologiques selon les Nations unies. On parle de dépression, d’automutilation, de fatigue chronique, de troubles alimentaires... »
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Il y a quelques années, quand mon fils ainé était inscrit à la gymnastique, la directrice de la Fédération de gymnastique de ma région m'a vivement reprochée de ne pas encourager mon fils à la compétition.  Il était peut-être doué pour son âge, mais c'était contre mes principes de tracer son avenir à un si jeune âge.  Il n'était pas question de décider qu'à 3 ans mon fils deviendrait un espoir olympique.  Hors de question de l'attacher à cette roue infernale de la compétition, où tout devient sérieux avant même que les enfants ne comprennent ce qu'ils font.  Il était heureux de pratiquer son sport dans un contexte récréatif, pourquoi lui mettre de la pression pour qu'il se surpasse à un si jeune âge?  Finalement, je l'ai retiré de ce sport car je trouvais insupportable d'encourager une organisation sportive qui soutenait des valeurs qui allaient à l'encontre des miennes.   On a choisit le soccer à la place car les enfants apprennent d'abord à jouer, à s'amuser, à partager avec leur équipe. 

Dans l'univers du sport - au hockey, en patinage artistique aussi - on pousse sur nos enfants pour qu'ils deviennent des petits champions.  Pourquoi cette obsession pour l'excellence?  Est-ce de la projection collective?  Voulons-nous que nos enfants réussissent là où nous avons échoué?
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Pour moi, cette question est centrale et guide entièrement la conception que nous avons de l'apprentissage et de l'éducation.  Souhaitons-nous la réussite de nos enfants pour des motifs purement égoïstes? L'obsession pour l'école privée reflète-t-elle un besoin viscéral de dépassement qui relève davantage de la projection que d'une motivation liée au bonheur d'apprendre?  Pourquoi voulons-nous que nos enfants soient bons?  Pourquoi voulons-nous leur réussite?  Qu'est-ce qui nous motive dans ce sens?  Est-ce l'espoir du gain, la reconnaissance par la collectivité et le statut social?  Et si notre motivation de dépassement provenait d'abord et avant tout d'un besoin de combler l'insatiable curiosité des enfants et de les inciter à aimer la découverte?  Aurait-on alors cette même obsession de la performance?  Et si nous n'avions pas les moyens d'aller à l'école privée, serait-on condamné pour autant à la médiocrité?  Un enfant curieux et intéressé qui fréquente l'école publique et qui obtient des notes dans la moyenne est-il voué à l'échec social et économique? 

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« Dans les années à venir, les gagnants ne seront pas ceux qui connaîtront toutes les réponses par cœur, mais ceux qui sauront faire preuve de créativité, les esprits vifs et novateurs qui seront capables de penser transversalement, au-delà des matières, de creuser un problème sans nécessairement viser un résultat et de prendre plaisir aux défis du savoir, tout au long de leur vie, écrit Carl Honoré. Ce sont de tels individus qui inventeront le prochain Google, découvriront une alternative au pétrole ou élaboreront un plan pour sauver l’Afrique de la famine. »



L'évolution d'un enfant dans un environnement parfaitement adapté l'empêchera-t-il de réfléchir un jour?  Selon la théorie de l'évolution de Darwin, les espèces qui apprennent à s'adapter aux défis de leur environnement survivent.  Si l'environnement est trop contrôlé, astiqué, poli par nos bonnes intentions et notre désir de réussite, ne faussons-nous pas la donne?  Au final, nos enfants ne seront-ils pas affaiblis par une pensée trop rectiligne, obtue et déconnectée du sens véritable de la vie?


9/22/2012

Pourquoi avoir des enfants?


Avons-nous des attentes trop élevées face au bonheur que devrait procurer la naissance d'un enfant? 

C'est la question que pose Jessica Valenti, auteure, blogueuse et féministe américaine, dans Why Have Kids?, son dernier ouvrage publié au début de septembre.  Dans une étude menée par le centre de recherche PEW en 2010, à la question « Pourquoi avoir des enfants? », les futurs parents répondaient « pour la joie d'avoir un enfant ».  Or, depuis dix ans, l'auteure remarque un écart de plus en plus grand entre les espoirs de bonheur fondés par les futurs parents et leur réel niveau de satisfaction après la naissance des enfants. 

Selon Valenti, les Américains ont des attentes si élevées face au bonheur que devrait leur procurer leur nouveau rôle de parent, qu'ils s'en trouvent déçus une fois confrontés à la réalité. Et cette déception alimente un vaste sentiment de désillusion face à leur propre compétences parentales, notamment chez les mères.

The problem isn't our children themselves; it's the expectation of perfection or at the very least, overwhelming happiness.  The seductive lie that parenting will fulfill our lives blinds Americans to the reality of having kids. (introduction)
La société véhicule depuis toujours une vision très idéaliste de la maternité, voire de la parentalité dans son ensemble.  Devenir parent devrait nous subjuguer de bonheur selon la croyance populaire et l'industrie parentale.  Pourtant, le quotidien nous ramène vite à la réalité et cet idéal de bonheur n'est pas atteignable pour la majorité des parents, voire des mères, et en particulier les mères américaines.  D'où cet intense sentiment de culpabilité devant l'incapacité de contrôler notre destin de parent.
Perhaps worst of all is the guilt that so many women buy into because they're too ashamed to admit that despite the love they have for their kids, child rearing can be a tedious and thankless undertaking (introduction)
Malgré tous les efforts qu'on peut y mettre pour planifier l'arriver d'un enfant ainsi que pour lui assurer une vie confortable et un avenir prometteur, nous ne contrôlons à peu près rien et ce, de la conception à la vie adulte de nos enfants.  Celles qui croyaient tomber enceintes facilement se retrouvent en clinique de fertilité, d'autres qui ont tout fait pour avoir un enfant en santé sont confrontées à la maladie et d'autres encore, qui ont tout fait pour assurer la meilleure éducation à leur enfant découvrent un jour qu'il a des difficultés d'apprentissage insurmontables et qu'il ne fréquentera jamais les grandes universités.  Rien n'est jamais parfait, et pourtant, bien des parents, peu importe leur classe sociale, qu'ils soient pères ou mères, doivent porter en silence le fardeau de leur déception.  C'est un sujet tabou.


Dans son ouvrage, Valenti explore aussi la réalité des parents qui regrettent leur choix et abandonnent leurs petits.  Au Nebraska, en 2008, après avoir implanté des services pour accueillir des enfants abandonnés par leur parents, des pères et des mères découragés y ont laissé leur famille entière.  Supportons-nous adéquatement les familles, les parents? Leur vend-t-on un rêve de bonheur parental impossible à atteindre?  Nous, les parents, sommes-nous adéquatement préparés pour faire face à la réalité? 
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Pourquoi avoir des enfants, alors?

Est-ce un moyen inconscient de combler un vide de bonheur? Est-un geste altruiste ou profondément égoïste?  Le fait-on pour soi ou pour les enfants à naître?  Le fait-on encore pour l'avenir de la patrie? Les futurs parents se posent-ils même la question?  Devraient-ils se la poser?  Fait-on des enfants machinalement, parce qu'il le faut, parce que la société nous encourage dans ce sens?

Se pose-t-on même la bonne question? Et si on se demandait « Pourquoi ne pas avoir d'enfants?» ou encore, « Faut-il avoir des enfants à tout prix? », quelle serait la réponse?




9/07/2012

Le tour du monde des congés de maternité

Tout d'abord, je tiens à vous remercier toutes pour vos commentaires.  Je suis sincèrement désolée d'apprendre que certaines d'entre vous vivent aussi des moments difficiles.  Mais vous savez, on passera au travers!

Cela dit, il y avait un moment que je n'avais pas exploré l'univers parental et d'un clic à l'autre je suis tombé sur cet intéressant petit dossier publié par le magazine Today's Parents qui passe en revue les différents régimes de congé de maternité offerts dans le monde.  On y apprend notamment que l'Albanie offre aux nouvelles mamans un congé de 365 jours à 80% du salaire ainsi qu'un 150 jours supplémentaires à 50% du salaire (mais rien pour les papas).  En Croatie et en Serbie, elles ont droit à une année complète à 100% de leur salaire.  En Russie, les mamans bénéficient de 140 jours de congé à plein salaire, dont 70 qu'elles peuvent prendre avant la naissance de leur bébé.  Au Brésil, elles ont droit à un court congé payé de 4 mois, mais les services de garde sont gratuits jusqu'à ce que l'enfant commence l'école.



Les États-Unis font partie des pays qui offrent l'un des pires régimes : une femme qui a cumulé au moins douze mois d'ancienneté peut se prévaloir d'un congé non-rémunéré de 12 semaines après la naissance de son enfant. Or, la loi exclut toutes les entreprises de moins de 50 employés, ce qui représente près de la moitié de toutes les entreprises américaines.  Selon Today's Parent, seuls le Swaziland et la Papouasie/Nouvelle-Guinée offrent d'aussi piètres conditions aux nouvelles mamans.

Je ne peux toutefois m'empêcher de reprocher au magazine d'avoir passé sous silence le régime parental québécois dans la rubrique qui concerne le Canada.  Notre régime fait partie des plus généreux, mais sa plus grande originalité est de réserver cinq semaines aux nouveaux papas.  À part la Suède qui encourage le partage du congé entre les nouveaux parents, aucun autre pays n'encourage les pères à se concentrer sur leur nouvelle vie familiale.  Et sincèrement, je ne pense pas me tromper en affirmant que tous nos nouveaux papas québécois apprécient grandement cette mesure!   Évidemment, le plus grand bénéfice de cette mesure - en plus de permettre aux pères de passer du temps de qualité avec la famille - c'est d'affirmer collectivement que la responsabilité des enfants est aussi celle du père.  En milieu de travail, c'est un enjeu fondamental pour les femmes.

Sur ce, je vous souhaite une excellente fin de semaine!

9/01/2012

Maman solo

Ma vie a été chamboulée.  De mère d'une petite famille nucléaire, je suis devenue maman solo en l'espace de quelques semaines.  Je fais maintenant partie de l'autre 50% des familles. 

Ce n'est pas ce que j'avais souhaité ou imaginé.  On n'imagine jamais ça.  Et puis un jour, on se retrouve devant l'inévitable sans vraiment vouloir l'admettre.  On retient son souffle et puis la vie nous pousse là où on ne pensait jamais se retrouver.  On voit sa vie défiler sous ses propres yeux en ayant l'impression de regarder la vie d'une autre.   Pourtant, personne n'est à l'abri d'une séparation.  Et, il n'y a pas de bon et de méchant dans cette histoire. Il n'y a que deux parents qui ont choisi de vivre séparément pour des raisons qui leur appartiennent.

Comme la plupart des adultes, j'ai déjà vécu des ruptures dans ma vie et les réflexes de survie sont encore à portée de main. Certes, les vieilles blessures ressortent au passage, mais de manière générale, avec un peu d'aide, avec la famille et les bons amis, on trouve les ressources pour s'en sortir.   Le plus difficile n'est pas de le vivre en tant qu'adulte...

L'insupportable, en fait, c'est de faire vivre ça aux enfants. Malgré même un climat de bonne entente et une transition délicatement planifiée, c'est leur première rupture à eux. La vie qu'ils connaissent depuis le berceau se transforme indépendamment de leur volonté.  Ils doivent s'habituer à de nouveaux repères, une nouvelle routine, une nouvelle configuration relationnelle avec papa et maman.  Et au-delà de ces ajustements, ils doivent surtout apprendre à accepter un changement beaucoup plus grand qu'eux :  leur famille a éclaté et ils ne peuvent rien faire pour changer cette réalité. On dit que les enfants sont très résilients, mais ça ne se fait pas tout seul.  Il faut les aider.

Si vous vous demandiez pourquoi j'avais déserté mon blogue depuis quelques temps, vous le savez maintenant.  En ce début de septembre,  toutes mes énergies sont à réinventer ma vie et celle des enfants.