À la fin d'août, je vous faisais part de la portion positive de ma critique au sujet du bouquin intitulé 168 hours : you have more time than you think de la journaliste Laura Vanderkam. Je vous avais promis de vous livrer mes bémols sur sa théorie. Je suis un peu en retard dans la livraison, mais vaut mieux tard que jamais.
De manière générale, disons que je suis un peu allergique aux recettes qui ont la prétention de pouvoir changer notre existence d'un coup de baguette magique. Oui, je crois qu'on peut remettre sa vie sur la bonne voie et maximiser son potentiel de satisfaction personnel et professionnel, mais je crains comme la peste les gourous qui nous laissent inéluctablement croire qu'il s'agit de vouloir pour pouvoir.
C'est l'aspect qui m'a déçu de l'ouvrage de Vanderkam. Même si ses idées sur la gestion du temps peuvent avoir un effet positif sur l'organisation générale de nos vies, il y a ce petit je ne sais quoi d'un peu racoleur et - excusez l'expression de mon cru - « gourounesque » qui m'a agacé du début à la fin. En apportant pourtant de très bons points sur la manière dont nous pourrions mieux gérer notre temps, elle réussit néanmoins à semer pas très discrètement l'idée qu'il est impossible de se réaliser pleinement si on ne devient pas son propre patron. Pire, derrière cette idée selon laquelle il n'y a point de salut pour les misérables salariés, elle laisse planer encore moins subtilement qu'il suffit de créer sa propre entreprise pour rouler sur l'or, et par conséquent, jouir d'un total contrôle sur sa vie.
Même si c'est extrêmement tentant de vouloir démarrer son entreprise, il faut avoir des affinités avec l'entrepreneuriat et quand on rate son coup, qu'on y engloutit toutes ses économies ou qu'on s'endette sans réussir, on ne doit certainement pas se sentir en contrôle de sa vie. En fait, pour certains et certaines - dont j'en suis - le fait d'être salarié peut aussi apporter une certaine liberté : on ne porte pas tout le sort de l'entreprise sur nos épaules. Et franchement, même si j'ai du mal à m'organiser le matin, avec de jeunes enfants, je préfère encore, pour le moment, aller bosser là où je sais que j'aurai un salaire régulièrement versé aux deux semaines. Bref, même si l'entrepreneuriat est solution attrayante pour les unes (et les uns), je ne crois pas que ce soit la seule recette pour se sentir en contrôle de sa vie. Bien d'autres facteurs peuvent jouer dans cette équation, à commencer par la satisfaction que l'on tire de son job salarié, de sa vie personnelle et familiale.
Si je rencontrais Laura Vanderkam, je lui dirais qu'elle a réussi à me donner le goût de mieux comprendre mon emploi du temps, de me donner les moyens de le maximiser et de réfléchir davantage sur l'équilibre entre les tâches domestiques et le temps consacré aux loisirs et à l'exercice. J'ajouterais cependant que l'équilibre ultime n'a rien de magique et qu'il est le résultat d'un savant dosage entre la vie personnelle, familiale et professionnelle qui fait l'objet de nombreux ajustements selon la réalité et les valeurs de chacun. Et le fait de devenir son propre patron n'est pas en soi, un gage d'équilibre!
10/04/2010
168 heures par semaine : mes bémols
Publié par :
Christine Simard
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Premièrement merci pour cette critique/bémol. Je ne suis pas une fan de ce genre de livre, mais je crois qu'ils sont utiles tout au plus pour qu'on en retire ce qu'on a besoin. J'ai beaucoup aimé ton dernier paragraphe, je pense exactement comme ça, alors bien que je n'ai pas lu ce livre, je me retrouve dans tes propos.
RépondreEffacerDeuxièment, merci de tomber à pic. En fin de semaine j'ai fait une grosse crise de je sais pas ce que je fais et où je m'en vais. Une crise de j'arrive pas à voir le bout, de je me sens dépassée par tout. Mon chum tentait tant bien que mal à me faire réaliser que je me mets trop de pression et que j'ai tendance à dénigrer mes bons coups et à rehausser mes mauvais. Enfin tout ça pour dire, que je rêve d'être une entrepreuneur, mais je n'ai ni la carapace assez dur, ni l'argent et surtout je n'ai pas l'âme d'une entrepreuneur. Je suis une salariée qui aime savoir que son argent arrive toujours de la même manière. J'aime ne pas avoir à penser au travail quand je suis à la maison et j'aime l'assurance que tout cela me donne. J'ai du travail à faire sur moi, mais c'est mon estime de moi qu'il faut que « j'organise » et non pas le temps. Je suis comme tout le monde, j'ai toujours l'impression qu'il me manque du temps, mais dans le fond, ce qu'il me manque ce n'est pas du temps, c'est du moi dans ces temps-là.
Donc, en gros merci de parler d'un sujet qui ce matin, vient me chercher particulièrment et de dire, qu'il n'y a pas une manière parfaite, mais plusieurs manières à adapter.
Un gros merci Evely pour ton commentaire. Je pense que c'est un sujet parfois difficile à aborder, car il y a encore de nombreux tabous qui y sont rattachés, dont celui de ne pas être assez performante quand on ne réussis pas à tout faire parfaitement. J'aime quand tu :" j'ai toujours l'impression qu'il me manque du temps, mais dans le fond, ce qu'il me manque ce n'est pas du temps, c'est du moi dans ces temps-là " : c'est exactement ce qui me manque aussi ces jours-ci! Lâche pas!
RépondreEffacerJ'avais hâte de lire ton bémol ! C'est impressionnant de voir le nombre de livres avec des "gourous" qui te disent, pense-s'y fort et ça arrivera alors que je sais pertinemment qu'il ne s'agit pas de seulement le vouloir, mais il faut travailler aussi pour obtenir ce que l'on désire.
RépondreEffacerComme Evely t'a déjà écrit, tu résumes tout dans ton dernier paragraphe. À chacun et chacune son équilibre selon ses réalités et ses valeurs ! Merci :-D
Je te lis et je me dis qu'elle doit préparer son tome 2: le parfait guide pour se lancer en affaires ;-). Elle a le sens des affaires, il faut lui donner :-).
RépondreEffacerCela dit, je suis d'accord avec toi, ce n'est pas une solution qui convient à tout le monde.
L'organisation du temps et devenir son patron. Je n'ai pas lu son livre, mais la démonstration n'est pas évidente à mes yeux. La question que je me pose, est la suivante : est-ce que l'on a le droit d'être désorganisée et avoir des journées moins performantes ? Il n'y a pas de mauvaise job, et être entrepreneur n'est pas nécessairement mieux. En fait, je dirais qu'être entrepreneur risque plutôt qu'on ait moins de temps pour les enfants.
RépondreEffacerOrganiser son temps... tout un programme !
:-P
Oui, je suis aussi tres touchee par cette expression "ce qu'il me manque, ce n'est pas du temps, c'est du moi dans ce temps-la". Si on fait ce que l'on aime et que l'on s'y investit, on n'a pas l'impression de se faire voler du temps... Par contre, si tout est une corvee ou que l'on se sent mal a l'aise dans ce que l'on fait, on manque du temps essentiel pour se ressourcer. C'est vraiment bien dit et je vais repenser a cette phrase dans les moments difficiles et mettre plus de "moi" dans mes activites... Merci!
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