En prenant l’autobus, j’ai constaté que je devrai apprendre par coeur trois horaires de plus qu’avant. À bord, les gens ont changé. Toujours les mêmes jeunes cégepiens, mais des visages complètement différents, plus jeunes encore, il me semble. Au métro, tous les guichets sont désormais équipés de cartes à puce et il y a des bixi partout. De nouveaux édifices ont remplacés les anciens qui ne tenaient qu’à un fil, de nouveaux commerces ont pignon sur rue. Tiens! Il y a maintenant une terrasse là où j’aimais aller prendre mon café. Un an plus tard, le monde a changé, la ville s’est refait une beauté.
Maintenant trois semaines que je suis de retour au bureau. Je croise des visages que je ne suis pas toujours sûre de reconnaître. Certains ont un peu vieilli, parfois c’est seulement la coiffure qui est différente. Des collègues ont désormais de nouveaux postes, l’organigramme a un peu changé. Mon bureau a été relocalisé (pour le mieux) et j’ai de nouveaux voisins. J’ai parfois l’impression de revenir au bureau après un simple congé de trois semaines et de reprendre mes dossiers là où je les avais laissés. À d’autres moments, j’ai pourtant l’impression d’avoir migré pendant dix ans sur une autre planète. Pourquoi cette distorsion? Pourquoi ce sentiment que « tout a changé » et que pourtant « tout est encore pareil »?
Quand on retourne au bureau après une longue absence, même dans les meilleures conditions, le plus difficile est de jauger avec une relative précision ce qui a véritablement changé. Distinguer l’évolution de surface de ce qui a véritablement bouleversé l’écosystème de son milieu. Ainsi, au-delà de la couleur des murs, de la disposition du mobilier et des nouveaux visages, il y a l’imperceptible, le « non-dit » qui dit tout, cet espèce de fil invisible qui relie les humains entre eux et qui, selon le climat, est souple ou tendu. Et je crois que le sentiment de distorsion vient de là. S’il y a de véritables transformations bien tangibles, il faut néanmoins un peu plus de temps pour saisir l’évolution de l’imperceptible. C'est, il me semble, un aspect tellement central. Et si j'ai souvent lu des articles ou des conseils pour se préparer au retour au boulot, on aborde pourtant rarement cette dimension.
Et moi, ai-je changé? Un deuxième enfant m'a-t-il donné un peu plus de ceci ou de cela? Suis-je transformée par cette absence d'un an? Une chose est certaine, le détachement de la dernière année me donne un regard différent sur les problématiques qui elles, sont essentiellement les mêmes qu'avant. Un regard plus englobant, tourné vers l'avenir, plus confiant. Curieusement, cette année loin du brouhaha quotidien à prendre soin d'un petit être m'a redonnée l'assurance que tout ira bien, no matter what. Et comme le chantait Bob Marley, Don't worry, everything's gonna be alright...
9/07/2010
Retour au travail : apprivoiser le changement
Publié par :
Christine Simard
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La mère travaille
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C'est tellement vrai ton article !
RépondreEffacerTu fais ressortir un élément qui, comme tu le mentionnes, n'est pas souvent évoqué.
RépondreEffacerJe trouve que lors de mes deux retours au travail, je me suis sentie un peu déconnectée les premiers temps. Tout bougeait trop vite, je ne me sentais pas sur la même voie que mes collègues.
Je me retrouve tellement dans ce que tu dis.
RépondreEffacerDans mon cas, je crois que c'est moi qui a le plus changé (ce n'est pas peu dire, car la compagnie pour laquelle je travaillais avait vraiment fait des gros changements). J'ai quitté mon emploi après 6 mois pour un autre qui me ressemble plus. Même domaine, mêmes fonctions, mais plus proche de mes nouvelles aspirations.
Tranquillement on se prépare pour la conception de bb2 et je me demande si en revenant d'un deuxième congé de maternité je serais encore toute changée.
Plusieurs de mes copines ont eu ce genre de sentiments de changements en elles et autour d'elles. De grandes remises en questions, des rêves inassouvis qui refont surface, mais surtout un sentiment de vouloir participer et de prendre le contrôle de sa vie et de faire ce qu'elles veulent vraiment.
Apprivoiser le changement du retour au travail? Ça été tout un défi pour moi, surtout que j'ai amené mon bébé d'à peine 6 mois! C'était temporaire, le temps de trouver une garderie. J'y ai heureusement survécu tout en restant relativement saine d'esprit (c'est pas peu dire!)
RépondreEffacerMaintenant que ma puce a une place en garderie, j'avoue que mes priorités ont changé par rapport à mon travail. Ma famille passe avant tout, même des contrats importants!
Coucou !
RépondreEffacerUne nouvelle aventure pour la famille Cool : Minus attend avec nous "Caouette", prévu(e) pour mai 2011 :) On vous invite à nous rendre une visite à l'occasion ! Un nouvel épisode à suivre ;)
http://daddycool-leretour.blogspot.com
Merci pour tous tes articles sur le retour au travail. Je suis présentement en congé de maternité et reprendrai le travail en janvier. Je sens une vague d'angoisse à chaque fois que j'y pense. J'ai peur de ne pas être à la hauteur au bureau et à la maison.
RépondreEffacerJe lis avec attention tous les commentaires sur le sujet.
L'important est effectivement de se faire confiance et de se dire que tout ira bien.
J'aime ta rélexion
RépondreEffacerOups! réflexion
RépondreEffacerMoi je suis restée plus de deux ans et demi hors du circuit, par choix, pour m'occuper de mon troisième et dernier enfant. C'est difficile de revenir au travail et de me rendre qu'il y a plein de nouveaux qui ne tiennent pas à faire ma connaissance, surtout que, je travaille à la maison! J'ai une équipe, mais la moitié doit être nouvelle. Je n'ai eu aucun problème à reprendre le flambeau, mais disons que la relation entre collègues s'est affaiblie. C'est normal, je suis "partie" longtemps, mais c'est difficile. :(
RépondreEffacerBonjour,
RépondreEffacerJe viens de lire votre article sur le retour au boulot. Je suis d'accord avec vous. Même après quelques années, je trouve que ce texte est toujours aussi vrai. Bravo! Je tenais à vous le dire.
Je tenais à vous dire que j'aime beaucoup lire le contenu de votre blogue. Il est toujours très intéressant.
Au plaisir de vous lire à nouveau prochainement!
Danny Kronstrom