D'origine polonaise, Paulina a immigré au Canada avec ses parents en 1987 et a fait ses études collégiales et universitaires ici. Elle a accepté de raconter son aventure à Mamamiiia!
Que faisais-tu avant de démarrer SOS garde? Comment as-tu fait le saut?
J'étais en marketing et en publicité et j'en avais marre. Une idée me trottait dans la tête et j'avais des sous de côté. Quand je travaillais dans la publicité, j'avais des horaires pas possibles et c'était difficile de trouver une gardienne. C'est ainsi que j'ai développé SOS garde.
Combien temps s'est-il écoulé entre le moment où tu as eu l'idée et son exécution?
J'ai immédiatement mis l'idée à exécution, mais ça m'a pris un bon six mois de préparation.
Tout ça en six mois?
Oui, au début, je voulais le faire en 3 mois! J'ai été chanceuse, j'avais de bons partenaires.
Crois-tu que ce sera long pour rentabiliser ton entreprise?
Il y a déjà une très forte demande. Les gens sont très intéressés et en deux mois et demi (NDLR: c'était en janvier) une centaine de familles sont déjà enregistrées et plus de 600 gardiennes.
L'idée de base de ce service, est de donner du répit aux parents : trouver une gardienne rapidement et éliminer le plus de stress possible dans le processus. SOSgarde n'est pas une agence de placement ou de référencement. C'est un point de rencontre avec des candidates en recherche active d'emploi. Ce que j'offre aux parents, c'est un moyen facile d'effectuer la sélection de leur gardienne, car ils ont accès à un profil très détaillé des candidates qui peuvent même préciser si elles détiennent un certificat d'antécédents criminels. Quand on cherche une gardienne, on veut avoir le choix parmi plusieurs. Je propose aussi aux parents un canevas d'entrevue pour faciliter le processus de sélection.
Quand tu as démarré ton entreprise, as-tu d'abord quitté ton emploi ou as-tu fait les deux en même temps?
Non, je n'avais plus d'emploi. J'ai vraiment coupé les ponts et je me suis lancée dans l'entreprise. Faire les deux et être mère monoparentale, c'est impossible. De ma propre expérience, si tu veux que ça fonctionne, tu dois faire les choses comme il faut. Par exemple, il faut faire une étude de marché. Pendant qu'on travaille, on peut faire une étude de marché et un plan d'affaires, mais à partir du moment où on commence à parler avec des clients potentiels, il faut s'y consacrer totalement. D'abord par manque de temps et deuxièmement, parce que tu n'as plus le coeur à ton emploi.
Avais-tu déjà de l'expérience en tant qu'entrepreneure? Y avait-il des entrepreneurs dans ta famille?
Je n'ai jamais démarré d'entreprise, mais j'ai travaillé dans une agence de pub et le processus d'acquisition de nouveaux clients m'a donné une solide expérience pour le démarrage de mon entreprise. C'est là aussi que j'ai développé mon esprit d'entrepreneurship, mon autonomie, ma créativité, ma débrouillardise. J'étais directrice des comptes dans une agence de publicité.
Au Canada et au Québec, on trouve un superbe appui et réseau pour les entrepreneurs. Je fais présentement le programme SAJE pour les travailleurs autonomes et je le recommande fortement. C'est 40 heures de formation avec des experts. Cette formation m'a permis de cristalliser mes idées.
Quelles sont les réalités spécifiques d'une mère et entrepreneure? Élever seule son enfant, c'est tout un défi, non?
Tu es toujours mère, même si tu deviens entrepreneure. La pression est toujours la même entre le travail et la maison. Oui, je suis mère monoparentale. Mais avec ma propre entreprise à domicile, je n'ai plus besoin de demander à personne pour aller chez le médecin avec lui.
Qu'est-ce qu'un réseau peut t'apporter? Par exemple, les Mamentrepreneures?
Ce qui m'attire par ce réseau, c'est de briser isolement de l'entrepreneure. De rencontrer des gens qui ont un esprit, une réalité et des problèmes communs. Sortir de la maison, voir d'autres femmes. C'est difficile d'être seule tout le temps.
Est-ce que tu gères ton entreprise uniquement de la maison?
Je sors de temps en temps, mais je gère mon entreprise principalement de la maison. Mon entreprise se passe principalement sur Internet.
Est-ce la job de rêve?
Ben...je commence à avoir mal aux yeux **rire**!
À quoi ressemble ton travail au quotidien?
Moi, je suis en marketing, et l'essentiel de mon travail est de faire du marketing. Je vois à l'optimisation continuelle de mon site, aux relations avec les usagers, aux stratégies publicitaires. J'ai construit une machine et maintenant je m'occupe de la faire rouler.
En étant entrepreneure, est-ce que ça génère plus ou moins de stress?
C'est beaucoup de stress, mais c'est un stress beaucoup plus productif. Dans mon ancien milieu de travail, la sécurité d'emploi n'existait pas et ça me générait beaucoup de stress négatif, de l'angoisse. Maintenant, avec mon entreprise, le stress me met en action. Avant de se lancer en affaires, pour mettre toutes les chances de son côté, il faut un réseau qui te supporte financièrement et qui peut t'accorder du temps. Si tu as ça, tu peux mieux gérer ton stress. Bien sûr, si je fais une erreur, c'est moi-même qui paie pour, mais si j'ai un succès, c'est moi qui en bénéficie.
Crois-tu continuer de gérer ton entreprise toute seule à long terme?
Ça va me prendre des employés si ça continue à croître comme ça. J'aimerais aussi que mon entreprise privilégie la conciliation travail-famille. Permettre le télétravail, les horaires flexibles. Ce que moi je voulais, je veux l'offrir à mes employés.
Où te vois-tu dans 5 ans?
Plus grand, plus d'offres !!!! . J'aime beaucoup la nature de cette entreprise. La plus grande satisfaction c'est le feedback des parents. Je veux continuer de faciliter la vie aux parents.
C'est donc possible d'assouplir les règles en milieu de travail et d'obtenir des résultats?
Oui, car si tu offres la souplesse aux employés, ils seront plus productifs et à long terme, ils seront plus fidèles à l'entreprise.
Dans ton ancien milieu de travail (agence de publicité), qu'est-ce qui nuisait à la conciliation travail-famille?
D'après moi, c'est la compétition. C'est un milieu très très compétitif. Il y a beaucoup de petites agences. Plus il y a de compétition, plus tu dois être performant et il y a une culture [de compétition] qui se développe. J'ai travaillé en publicité en Angleterre et en Australie et c'est ici, au Québec que j'ai trouvé ça le plus le plus difficile. La culture nord-américaine, c'est très «rought». Dans la plupart des agences, les dirigeants sont des hommes et quand tu es une femme avec des enfants...c'est pas très bien vu.
Quand on est jeune, on se donne beaucoup à l'entreprise, mais ce n'est pas forcément reconnu. Quand on vieillit, on a moins envie de tout donner. On devient moins naïf. Et quand les enfants arrivent, les priorités changent drastiquement. Je veux voir mon enfant grandir, être là pour le coucher le soir. Je ne veux pas être crevée et incapable d'apprécier mon fils.
As-tu l'impression que ce discours-là s'implante de plus en plus dans notre société?
Pour ceux qui ont le courage de changer les choses, oui. Des amies mon dit qu'elles recherchaient une entreprise qui pouvait les accommoder comme mères, même si elles sont moins payées. Mais ce n'est pas encore très répandu.
Crois-tu que ça peut changer plus rapidement si les hommes s'en mêlent?
Oui, mais ils ne vont pas s'en mêler! Il y en a certains qui vont le faire, mais la majorité est trop confortable là où elle est. Ce sont nos filles qui vont changer les choses.
Et maintenant que tu as ton entreprise, as-tu plus de temps pour toi?
Ahhhhhhhh, ça je ne sais pas....! C'est surtout la liberté qui me rend beaucoup plus heureuse qu'avant. Ça comporte des risques que d'avoir une entreprise, mais je suis tellement plus heureuse d'avoir cette liberté, de décider pour moi-même de ma destinée.
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