Demain, mon petit Louis-Philippe aura 4 mois. Le temps passe, mais pas si vite que ça. Il y a bien sûr des journées qui se déroulent à la vitesse de l'éclair, mais de manière générale, je fais tout pour ralentir le temps. Après le « slow food », j'invente la « slow life ». Les matins sont bien sûr un peu pressés, car je dois aller reconduire mon plus vieux à l'arrêt d'autobus, mais le reste de la journée je prends un malin plaisir à étirer le temps en le prenant, tout simplement.
À mon premier congé de maternité, j'ai sombré à pic dans une dépression post-partum insidieuse qui a culminé après mon retour au travail, dix mois plus tard. Je n'ai pas pris conscience de ma dépression, puisqu'il me paraissait complètement absurde d'être dans un tel état alors que je venais de vivre un événement si heureux. J'étais dans le déni le plus total. Pourtant, j'avais tous les symptômes. Je passais mes journées à penser à tout ce que j'aurais dû faire, mais j'étais complètement paralysée. Je culpabilisais, car je n'arrivais pas à sortir ma poussette pour promener bébé au parc, même quand le printemps est arrivé. Tout me demandais un effort surhumain. Je tournais en rond dans mon appartement et j'avais le cerveau en bouillie. Je me sentais mal d'avoir délaissé le boulot si longtemps et j'avais peur d'être pénalisée par ma longue absence. Puis, je me suis mise à faire des crises de paniques en auto, à avoir peur de mourir en traversant la rue avec bébé, à « péter » les plombs avec mon chum. De retour au travail, j'étais fatiguée avant même d'avoir commencé, je me sentais isolée et au moindre rebondissement, je sentais ma fragilité. Je pleurais tous les jours, soir et matin. Cinq mois après ce retour difficile, le médecin confirmait le verdict et me donnait trois mois de repos complet.
Cela dit, j'avais peur de retomber dans la marmitte de la dépression une deuxième fois. J'ai d'ailleurs eu peur de perdre mes moyens un jour d'octobre où je me suis sentie particulièrement vulnérable. Évidemment, je ne peux pas garantir à 100% que je suis tirée d'affaires, mais quatre mois plus tard, je me porte pourtant à merveille et ce, malgré le chantier des rénovations de la maison, l'effet déroutant que la naissance et la rentrée scolaire ont eu sur le plus vieux et les nuits en dents de scie. Qu'ai-je fait de différent cette fois?
Cette fois, j'ai accepté de ralentir sans résistance aucune. J'ai accepté de passer de longues journées à ne rien faire d'autre que d'allaiter, de faire des siestes avec bébé, de limiter mes projets, de me reposer, de me faire aider. J'ai continué d'alimenter mon blogue, mais c'était pour me faire plaisir, pas pour me mettre de la pression. J'ai aussi marché une heure presque tous les matins pour profiter de l'air automnal et surtout apprécier ce moment de liberté. J'ai cessé de me préoccuper de mon avenir professionnel et de la place en garderie dont on ne saura rien avant le début de l'été. Je vis l'instant présent en passant beaucoup de temps à babiller et à jouer avec bébé. Je sais maintenant que ces moments passent et ne reviennent pas. Et surtout, j'ai accepté de vivre ma maternité une minute à la fois, sans me presser.
Le meilleur remède à la dépression post-partum serait-il d'accepter de ralentir et de se reposer pour vrai, sans culpabilité? Je ne suis pas médecin ni psychologue, mais j'aurais tendance à croire que nous avons tellement été habituées à foncer à 200 km à l'heure dans toutes les sphères de notre vie que nous avons de la difficulté à accepter de ralentir une fois bébé arrivé (et même avant, pendant la grossesse). Quand on plonge dans la maternité, faudrait-il se préparer à accepter que dorénavant, il faudra ralentir?
11/30/2009
Après le « slow food », la « slow life »
Publié par :
Christine Simard
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