S'agissait-il d'une promotion? D'un grand voyage à l'étranger? D'un nouveau chum, peut-être? D'une publication? D'un soudain retour aux études? J'avais pensé à tout, sauf à ça.
Une fois attablées au resto, elle s'exécuta : "je suis enceinte", m'annonça-t-elle, avec le regard brillant d'une femme qui porte la vie en elle.
Et elle me raconta son parcours et sa réflexion : maintenant âgée d'un peu plus de 35 ans printemps, elle savait qu'elle ne pourrait pas passer le reste de sa vie sans fonder une famille. L'homme idéal ne s'étant pas encore pointé, elle a décidé de passer à l'acte en solo. Trois visites en clinique de fertilité plus tard, son vœu était exaucé.
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Au Canada, il n'existe pas encore de statistiques permettant de connaître le nombre exact d'enfants issus de mères célibataires par choix (ou adoptés par elles), mais le phénomène gagne aussi en popularité, même si ce n'est pas encore une situation courante. Même des hommes célibataires décident de tenter l'aventure du "parenting" en solo. En Grande-Bretagne, le phénomène des mères célibataires était documenté dès le début des années 2000.
Ce choix, bien que de plus en plus populaire, ne fait pas l'unanimité, tant aux États-Unis qu'au Canada. Pour les uns, ces mères représentent une menace à l'institution du mariage (en plus de causer du tord à leurs enfants en les privant d'une présence masculine. Voir cet article du même auteur). Au Canada, une chroniqueuse du National Post accusait récemment les mères célibataires par choix de ruiner la vie de leurs enfants. Rien de moins! La publication en 2007 d'un guide à l'intention des nouvelles mères célibataires a d'ailleurs causé tout un émoi aux États-Unis et en Grande-Bretagne (Knock Yourself Up, par Louise Sloane).
En 2006, Rosanna Hertz, une sociologue américaine, a publié un ouvrage dans lequel elle faisait le bilan de ses recherches auprès de 65 mères célibataires par choix. Dans Single by Chance, Mothers by Choice, elle a découvert que la plupart de ces femmes sont loin d'être des révolutionnaires de l'ordre établi : au contraire, elles font tout pour se conformer et éduquent leurs enfants selon des valeurs plutôt tradionnelles. Et quel est l'impact pour les enfants? Les études divergent. Certes, selon certaines études les enfants provenant de familles monoparentales auraient de moins bons résultats à l'école, mais ce n'est pas tant la structure familiale que le revenu qui influence leur performance. Une autre étude, celle-là plus récente (2008), fait ressortir que les mères monoparentales (toutes catégories confondues) passent malgré tout beaucoup plus de temps avec leurs enfants qu'on ne l'aurait pensé.
Dans Google, il suffit de chercher "single mothers by choice" pour trouver une myriade de ressources pour les femmes qui optent pour la maternité en solo. Il existe plusieurs organismes dont Single Mothers ou SingleMothersbyChoice, aux États-Unis.
Les témoignages de ces mères sont nombreux et variés : celle-ci a choisi de devenir enceinte avec le premier venu, celle-là a choisi l'insémination artificielle. Ces Québécoises ont choisi d'adopter leurs enfants. Une autre raconte que c'est parfois un choix difficile à assumer, mais n'exprime aucun regret.
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Mon amie connaîtra la joie de donner la vie et je la félicite pour son audace. Même si sa petite famille sera non-traditionnelle, elle aura les mêmes défis que toutes les autres mères. Bien sûr, elle devra trouver des réponses à des questions comme "Qui est mon papa?", mais en tant que parents, ne sommes-nous pas constamment mis au défi par nos enfants? Ne nous posent-ils pas régulièrement des questions pour lesquelles nous n'avons pas toutes les réponses? Alors, pourquoi pas! Je te souhaite la plus belle expérience qui soit, chère amie!
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