5/04/2007
Quel salaire méritez-vous?
Mesdames (Messieurs, pas que je ne vous aime pas, mais ce billet est pour nous, les "meudames"!)
Mesdames, dis-je, qu'avez-vous fait de votre journée aujourd'hui? Vous avez réveillé les petits, les avez habillés, vous avez écouté les confidence de votre aînée, vous avez préparé les lunchs de toute la maisonnée tout en planifiant le souper. Ce weekend vous passerez quelques heures à épousseter, à faire des brassées de lavage, à passer l'aspirateur, à repasser, à écouter les confidences de votre amoureux. Vous reconduirez fiston au soccer et fille aînée au cours de gymnastique. Entre deux tâches, vous analyserez la situation financière de votre ménage et vous donnerez votre accord pour l'achat d'un nouveau filtreur pour la piscine. Lundi matin, vous serez prête - et même si vous ne l'êtes pas - à recommencer ce cirque. Si vous travaillez à l'extérieur vous aurez bien fait de réaliser toutes ces tâches en soirée ou le weekend, autrement votre boulot pourrait en souffrir!
Selon les experts, toutes ces tâches - et plusieurs autres - auraient une valeur marchande. Dans une même journée, vous seriez tour à tour diététicienne, psychologue, comptable, cuisinière, ingénieure en entretien ménager et même vice-présidente des finances! En 1992, Statistique Canada publiait une étude sur la valeur marchande du travail ménager (pdf) au Canada. Si le travail domestique avait été rémunéré, une Canadienne aurait alors reçu un salaire annuel d'environ 16 000$ et un Canadien d'environ 12 000$, les hommes étant reconnus pour consacrer moins de temps aux tâches ménagères, ici comme ailleurs. En 1998-1999, l'Observatoire des inégalités - un organisme à but non-lucratif en France - estimait que les Françaises consacraient en moyenne près de 3h30 par jour aux tâches ménagères comparativement aux hommes, qui eux, y consacraient en moyenne 2 heures.
Selon les résultats d'une étude menée auprès de 40 000 mères américaines et publiée il y a quelques jours par salary.com, le salaire annuel d'une mère américaine au foyer est désormais estimé à 138 895 $ (U.S) et celui d'une mère au travail devrait s'élever à 85 939$ (U.S) (en plus de son salaire régulier). En dollars canadien, la Vie rurale estime que les tâches ménagères des Canadiennes pourraient valoir plus de 157 000$ en argent canadien. Si vous avez envie de comptabiliser la valeur de l'ensemble de vos tâches ménagères, voici un petit quiz amusant qui vous situera dans l'échelle salarial domestique! (remarquez comme la valeur du travail ménager a augmenté depuis l'étude de Statistique Canada en 1992!!!)
Avec un tel salaire, à quoi bon faire un bac, une maîtrise ou une thèse de doctorat? À quoi bon bosser toute la journée pour un autre? Ne serait-on pas mieux de tout lâcher "au plus sacrant", de nous mobiliser pour que soient comptabilisées dans le produit intérieur brut les tâches de la maisonnée? Avec un tel salaire, je ne ferais même plus ces tâches moi-même : j'embaucherais une nounou, une aide-ménagère et un jardinier! Pas vous? En fait, j'en profiterais pour faire mon doctorat et quelques autres petits...
Cela dit, il faudrait aussi rémunérer toutes les tâches de mon chum, non? Je ne sais pas quelle sorte de chum ou de mari vous avez, mais le mien est extraordinaire : il sort les vidanges, prépare le recyclage, répare tout ce qu'il peut avec son marteau et son tournevis, fait une grande part du lavage, repasse ses vêtements, passe l'aspirateur, magasine les fournisseurs de services, s'occupe de la voiture, fait la vaisselle et tant d'autres choses que je ne vois pas toujours (et que je n'ai pas tellement envie de faire, je l'avoue!). Dans une logique de rémunération des tâches ménagères, où s'arrête-t-on?
J'imagine déjà ce que ça pourrait donner : "Chérie, as-tu rempli ta carte de temps?" ou "Chérie, tu n'as pas "punché" aujourd'hui, que se passe-t-il?" ou "Chéri, je remarque une baisse de ta productivité depuis quelques temps, est-ce que tout va bien?" et "Chérie, si on le fait ce soir, es-tu rémunérée ou non?"
Blague à part, je trouve que cette manière de comptabiliser le travail de la mère - au foyer ou au travail - sonne creux. D'abord, où est le réalisme de la chose? Deuxio, si l'objectif est de rehausser la valeur du travail de la mère au foyer - ou le surtemps domestique de la mère qui travaille à l'extérieur - pourquoi est-on obligé de lui coller une valeur marchande? Ne sommes-nous pas collectivement assez intelligents pour le reconnaître de facto? Et nos hommes là-dedans? Les paiera-t-on pour passer la tondeuse, la souffleuse, nettoyer la piscine ou faire le lavage? Et pourquoi pas? Et personnellement, je ne me sentirais pas très à l'aise de me comparer à une psychologue, à une diététicienne ou à une infirmière. À chacun son métier!
Ne confondons pas le salaire pour les tâches ménagères et allocation pour congé parental prolongé. Ce n'est pas la même chose!
Ceci dit, je vais aller rêver à ce que serait ma vie avec un salaire de 157 000$!!!
Publié par :
Christine Simard
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