Quand ma belle-soeur m'a parlé de garder mon fils pendant toute une fin de semaine, de venir le chercher et de me le rapporter, j'ai apprécié l'idée, mais je voulais garder son offre pour une occasion spéciale qui me permettrait de sortir avec mon fiancé. J'ai repoussé son offre tout l'été, mais voilà que la semaine dernière, elle a décidé que c'était le moment, même si nous n'avions pas prévu de sortir en tête-à-tête. Alors hier, de reculons, j'ai accompagné mon fiancé à Sainte-Thérèse pour remettre mon fils de deux ans et demi dans la voiture de ma belle-soeur qui le ramènerait chez elle, à Sainte-Adèle.
Ce moment m'a fait faire de l'anxiété toute la semaine. À chacun sa phobie, la mienne, c'est l'automobile. De voir mon petit s'éloigner dans la voiture de son oncle et de sa tante m'a fait un choc terrible. Et s'il ne revenait pas? S'ils avaient un accident? Si c'était la dernière fois que je le voyais? Oui, je sais, mes pensées sont dignes d'un mauvais film de série B, mais je suis certaine que toutes les mères de la terre ont passé un moment de la sorte. Et comme je suis championne olympique médaillée d'or dans la discipline de l'angoisse et de l'anxiété, je vous laisse imaginer mon état d'esprit d'hier.
Toujours est-il qu'une fois seule avec mon fiancé dans la voiture, j'ai éclaté en sanglots et j'ai ainsi pleuré jusqu'au pont Champlain. Après, j'ai boudé. Ensuite, j'ai détesté toutes ces personnes ingrates qui m'entourent de m'avoir "arraché" mon bébé. Tout le long du trajet sur l'autoroute 30, je ruminais des pensées négatives que je suis mieux de ne pas décrire.
Aussitôt arrivée à la maison, j'ai composé le numéro de ma belle-soeur. Pas de réponse. Panique intérieure. Recompose le numéro.
La grande cousine ado de mon fils répond. "C'est maman-poule, est-ce que tout va bien?"
"Ben oui, on lui change la couche" me dit-elle sur un ton détaché, blasé, typiquement adolescent.
Quelques minutes plus tard, ma belle-soeur me rappelait pour clarifier une instruction que nous lui avions donné. J'entendais mon petit derrière elle qui jasait comme si de rien n'était.
"Est-ce que je peux lui parler?", lui demandai-je, comme si ce n'était pas mon droit le plus légitime. "Raphaël, maman veux te parler, viens au téléphone", lui dit-elle.
Et puis il vint me dire un petit "Allo maman" auquel je ne puis répondre, car il était déjà repartit dans le salon avec son oncle et ses cousines, tellement plus intéressants à ses yeux que sa maman inquiète. Ce matin, mon fiancé et moi nous sommes réveillés une heure plus tard qu'à l'habitude. Pas de "maman, fini dodo", pas de "le bricoleur?", pas de petits pas qui courent partout, pas de gruau à préparer, pas de couche à changer. Juste du temps libre. Je m'ennuie, j'ai hâte de le revoir demain.
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